Depuis quelques décennies déjà
l'alarme autour du lac Tchad ne confirme que l'aggravation
irréversible, de jour en jour, de la situation. Cette grande réserve
d'eau s'étiole littéralement à vue d'œil : plus de 25 000 km2 en 1973,
moins de 1 400 aujourd'hui. L'eau s'évapore ; les rives se rétrécissent
et les surfaces utiles pour la pêche ou pour l'agriculture et le
pâturage sur les berges se réduisent drastiquement. La quatrième plus
grande étendue d'eau douce d'Afrique fond et avec elle fond la sécurité
alimentaire de quelque 30 millions riverains de quatre nations : Tchad,
Niger, Nigéria et Cameroun.
La solution viendra-t-elle d'Italie ? Une
conférence d'experts s’est tenue à Rome à l’initiative conjointe de la
FAO et de la fédération des agriculteurs italiens. "Le Lac Tchad est
le réservoir de nourriture et d'eau, il est aujourd'hui à la croisée
des chemins entre le désastre environnemental et la coopération
internationale", souligne le Centre national italien de la recherche. Or
toutes les projections scientifiques et les analyses ne confirment
qu'une chose : sa mort à brève échéance si rien n'est fait pour freiner
l'étiolement qui l'a vu se réduire au 1/10ème de sa superficie en
cinquante ans. "Stopper l'agonie du Lac Tchad en se servant des
technologies les plus pointues aujourd'hui devient crucial pour garantir
un futur de paix à cette zone particulièrement délicate du monde. Il
nous faut intervenir sur les facteurs de fragilité d'un écosystème à la
fois délicat et complexe. La désertification progressive, la perte
constante d'eau et de poisson rendent la région de plus en plus
inhospitalière et les conflits qui y éclatent de plus en plus violentes
et ravageurs", note Luigi Nicolais, le président du CNR pour qui le
lac doit devenir source de solidarité dans la sous-région et dans la
communauté internationale.
Lucien Mpama, Les Dépêches de Brazzaville (Brazzaville) – AllAfrica 13-10-2015